dimanche 13 février 2011

Lettre à sa femme


Madame,


Il m'a dit. D'une voix hésitante, tremblante même. Que nous devions cesser de nous voir. Parce que vous le lui aviez demandé. J'avais senti, dans ses derniers mots, que ma présence dans sa vie créait des tensions entre vous. Je savais bien que si un jour vous lui demandiez de choisir, je serais perdante. Je ne me suis jamais imaginé être la femme de sa vie. Je ne l'ai même jamais espéré. Le seul espoir que j'avais, c'était seulement que cet ultimatum prendrait plus de temps à survenir.

Votre jalousie, je peux la comprendre. Je l'ai redoutée parce qu'elle m'aparaissait légitime. 

Mais je ne peux m'empêcher de ressentir un grand vide. Une grande tristesse, aussi. Savez-vous ce que vous m'avez arraché en lui demandant de cesser de me voir? L'homme que vous aimez, madame, il était pour moi un refuge. Il était l'univers des possibles, un monde où une femme comme moi avait enfin la chance d'être désirée. Il était une petite parenthèse que j'ouvrais et pendant laquelle je n'avais plus mal d'être qui je suis parce que - ô bonheur suprême - ce "qui je suis" plaît à quelqu'un... Il était pour moi la petite lueur dans une nuit trop noire. La chaleur au coeur de l'hiver. Le baume, sur des plaies dont je ne pouvais plus faire taire la douleur. 

Je comprends votre jalousie. Mais je la déteste. Je la déteste, parce que maintenant, j'ai froid.
Mesmots Malangue Web Developer

vendredi 4 février 2011

Graben


Ou comment écrire un monologue à deux voix...

Mon lit est une prison.
Une île où deux solitudes cohabitent. Où deux solitudes habitent, en concomitance. Et entre les deux, un fossé qui semble de plus en plus grand. De plus en plus profond. Et j'ai le vertige. Tomber en bas du lit, ou tenter de franchir l'abîme? Les deux me font si peur...

Il me parle peu. Je lui parle trop. Il n'écoute qu'à moitié. Et rarement celle qui est importante. 

Il se love auprès de moi pour me consoler et me faire sentir qu'il m'aime alors que moi, ce que je veux vraiment, ce sont ses mains fouillant mon sexe qui l'appelle et le réclamme. Je ne veux que sa bouche, partout, qui me goûte et qui me dévore avec une gourmandise sans cesse renouvelée... Je ne demande que sa queue qui pénètre, que ce soit la bouche, la chatte, le cul... Je ne veux que sentir que je peux être objet de désir... Un peu... Je ne veux plus des mots. Ma tête sait qu'il m'aime. Mon coeur aussi... Mon corps ne s'en souvient plus. 

Et dans notre lit existent deux solitudes, parce que quand il se décide enfin à me toucher, c'est vide... Je ne ressens rien. Ses caresses, elles sont vides de sens. Quand il me fait l'amour, il s'enferme à l'intérieur de lui où il n'y a plus que les sensations de son corps qui existent... Une fois qu'il m'a pénétrée, plus de baisers, plus de caresses... Que le va-et-vient de son sexe dans le mien, jusqu'à l'explosion. La sienne. Rarement, très rarement la mienne. Et quand j'y parviens, c'est au bout de mes doigts, imaginant des caresses amoureuses et des baisers enflammés. Me réfugiant dans les souvenirs d'étreintes clandestines qui m'auront, au moins une fois dans ma vie, fait sentir femme et désirée. 

Faire l'amour, ce devrait être un échange. Un échange au centre duquel il y a le plaisir de l'autre... Parce que rien n'est plus beau ni plus émouvant que l'autre qui jouit lorsqu'on s'offre à lui...
Mais mon plaisir à moi, dans notre histoire, il n'est nulle part. 
Moi, dans notre histoire, je ne suis nulle part...

Il y a des soirs où je me demande pourquoi je m'inflige tout ça...
Mesmots Malangue Web Developer